Haussmann, le virus et le Grand Paris
En cette période de covirus et considérant la manière dont Paris et la région parisienne sont affectés, je ne peux m’empécher de penser à la situation sanitaire qui était celle de Paris au début du second empire et aux transformations effectuées entre 1850 et 1870, sous la baguette du baron Haussmann. J’ai relevé dans Wikipedia les éléments essentiels de cette transformation, projet d’une grande ambition, aux facettes multiples, décliné sur 20 ans et pensé à l’échelle du siècle. S’agissant du Grand Paris, on pourrait se demander ce que serait une ambition similaire à vingt ans d’échéance.
En 1845, Victor Considérant écrivait : « Paris, c’est un immense atelier de putréfaction, où la misère, la peste et les maladies travaillent de concert, où ne pénètrent guère l’air ni le soleil. Paris, c’est un mauvais lieu où les plantes s’étiolent et périssent, où sur sept petits enfants il en meurt six dans l'année. ».
En 2020, Paris est une des très belle ville, belle de son patrimoine historique qui lui vaut des millions de visiteurs et ville monde au sens politico-économique.
Mais aussi, de manière beaucoup plus prosaique, ville polluée, dont le système médical et hospitalier , érodée par des années de restrictions budgétaires à l’échelon national, a le plus grand mal au printemps 2020 a faire face à la crise du covid 19. A cette occasion apparaissent également les limites du système urbain, peu apte à assurer aux parisiens et banlieusards de la zone dense, des conditions de vie supportables en cette période particulière. Complétons en disant que dans cette ville de petite superficie ou les prix de l’immobilier se sont envolés, le coût de la vie a conduit a l’éloignement progressif des classes moyennes ; les déplacements Paris / banlieue sont journaliers, massifs et sans cohérence géographique autre que celle guidée par la nécessité. Les transports collectifs interurbains sont saturés, s’agissant tant des individus que des marchandises, obligeant à une inflation de transports automobiles dont les réseaux existants n’absorbent plus les crêtes.
Ce qui est frappant lorsque l’on considère les transformations haussmannienne, c’est leur envergure, exemple de planification avant la lettre, pensé à l’échelle du siècle, en un plan aux multiples déclinaisons :
Refonte des axes et des systèmes de circulation (en particulier, axe nord sud et axe est ouest) ; création de boulevards dont les dimensions n’ont plus à voir avec les normes antérieures ; création ou réaménagement de places (Chatelet, Etoile, République …).
Transformation radicale de l’habitat de par un système d’expropriation / reconstruction permettant la résorption de quantité d’ilôts insalubres. Réaménagement de nouveaux axes avec tous leurs équipements (eau, gaz, égouts) de nouveaux gabarits urbains et constructions de nouveaux immeubles en se conformant à un cahier des charges précis, incluant en particulier une meilleure circulation de l'air mais aussi un meilleur approvisionnement en eau et une meilleure évacuation des déchets. Création d’un réseau d’alimentation en gaz ; transformation radicale du réseau d’égouts.
Création de grands équipements : Grandes halles, propres à améliorer l’alimentation et ses conditions sanitaires de délivrance. Gare de Lyon et gare du Nord améliorant la relation aux provinces et aux, capitales européennes ; en attendant à la fin du siècle, la création du métro, qui viendra compléter un schéma de circulation qui lui aussi aura été pensé à l’horizon du siècle. Création de l’opéra Garnier.
Création de nouveaux espaces verts : Le bois de Boulogne, le bois de Vincennes, le parc des Buttes-Chaumont et le parc Montsouris.
Début d’aménagement, sur les mêmes principes, des nouveaux arrondissements rattachés à Paris.
Pour illustrer l’importance de ces transformations, l’exemple particulier de la création du nouveau réseau d’alimentation en eau est édifiant :
En 1850, l'eau potable vient principalement de l'Ourcq. Des machines à vapeur extraient également l'eau de la Seine, dont l'hygiène est déplorable. Est décidée la réalisation d'un nouveau système d'alimentation en eau de la capitale, qui aboutira à la construction de 600 kilomètres d'aqueduc entre 1865 et 1900. Le premier, celui de la Dhuis, ramène une eau captée près de Château-Thierry. Ces aqueducs déversent leur eau dans des réservoirs situés à l'intérieur de la capitale. À l'intérieur de la capitale et à côté du parc Montsouris, Belgrand érige alors le plus grand réservoir d'eau du monde pour recevoir l'eau de la Vanne, le réservoir de Montsouris. Aujourd’hui encore, ces équipements fournissent une partie notable de l’eau potable à Paris.
Alors, Paris dans 20 ans, c’est le Grand Paris. Et donc, quel sera le plan à 20 ans du Grand Paris pour en faire une métropole apte à affronter le reste du siècle ? Et qui fera ce plan ?
Les gares hors de Paris ? : les gares aux franciliens, les espaces verts aux parisiens ?
Orly s’en va ?
Retour des cultures en milieu urbain ; bréches agricoles et maraichères restaurant une agriculture de proximité ?
La ville léopard ?
Quelles habitations pour le petit travailleur infatigable ?
Pas de transports de marchandises autre qu’électriques ou à hydrogène pour l’apport de marchandises ?
Des pôles de centralité secondaires : Tout ne se vit plus au centre ?
Un organisme permanent en charge de favoriser les mutations emploi / habitat afin de raccourcir les distances travail/habitat ?
Un nouveau réseau de transports collectifs à inventer à l’échelle du XXIe siècle, avec les techniques du XXIe siècle et qui ne nécessite plus de creuser comme des taupes à des couts pharamineux ?
etc… etc…………………………………………………………………………………………..
Ou alors les petites cuisines sur les petites popotes et le grand bordel inculte à vau l’eau ?
Il y a beaucoup à inventer et beaucoup à faire ! (verbe du 3e groupe transitif direct).