Sur Action Logement
Haro sur Action Logement
« L’ État veut reprendre en main Action Logement ». C’est ce qu’indiquait un article paru dans le journal « Le Monde » monde du 30 juillet.
Pour moi, ancien maitre d’ouvrage, une image s’impose immédiatement : Le procès fait aux Templiers par Philippe le Bel : L’argent manque dans les caisses du roi, on accuse les Templiers de sorcellerie, on les brule et on confisque leurs biens, fonciers et autres…
Combien de fois, au cours de ma longue carrière de maitre d’ouvrage (j’ai modestement contribué à la construction de quelques 8 000 /10 000 logements sociaux), combien de fois n’ai je pas bouclé financièrement un programme de logements sociaux en cédant pour 20 à 25 ans au « 1% » quelques droits de désigner des locataires, moyennant contrepartie sonnante et trébuchante.
Combien de salariés n’ont-ils pas bouclé leur budget d’acquisition immobilière avec des prêts à intérêts bonifiés du « 1% ».
Ce système a permis pendant des dizaines d’années à de très nombreux organismes HLM de réaliser des opérations sociales. Ce système à permis à des dizaines de milliers de salariés d’obtenir un prêt complémentaire à taux bonifiés pour acquérir, un appartement, une maison.
Action Logement et tous les organismes prédécesseurs sont et ont été alimentés par « la participation des employeurs à l’effort de construction », pas par des subventions de l’État ; l’organisme et les prédécesseurs étant gérés paritairement par les syndicats de salariés et le patronat.
Qu’il y ait éventuellement à émettre des critiques à émettre sur certains éléments de gestion, pourquoi pas : Il existe des commissaires aux comptes, on peut commander des audits, imposer des réorganisations, on peut renouveler les conseils d’administration… cela se fait tous les jours dans les sociétés.
Mais faire main basse sur Action Logement ???
Pour mettre cet organisme sous tutelle de l’État gestionnaire ? A-t-on vu une seule fois au cours de ces vingt dernières années l’État gestionnaire faire autre chose qu’augmenter les déficits de l’État ?
Voilà des organismes du « 1% » (regroupés ces dernières années en une entité, Action Logement ; pourquoi une ?) qui ont constitué au fil des années un très important patrimoine de logements, essentiellement sociaux. Action Logement a des résultats annuels positifs, ce qui change du social sympathique mais merdiquement géré que l’on voit bien souvent.
Les lois Macron sur le logement n’ont apporté aucun bien au secteur de la construction sociale. Et un hold up de plus n’apportera rien en la matière.
Et pourtant, il y a à faire : Dès avant le Covid, des enquêtes menées par l’institution européenne montraient que la période 2008/2018 avait été marquée par un déclin massif des investissements dans le domaine du logement abordable, amenant l’Europe a une situation de précrise, les investissements dans les « infrastructures sociales » ayant décru de 20 % entre 2009 et 2018.
Environ 80 millions d’européens se sont trouvés désolvabilisés à cause d’un coût du logement augmentant régulièrement ; cette surcharge, exprimée en pourcentage du revenu brut, montre des taux d’effort consacrés au logement passant de 25 à 40 voir 50 % alors que le taux d’effort normal est considéré aux environs de 25 %. Eh oui, il y a à faire !
Pour faire bon poids disons également qu’en France, en sous investissant dans les transports urbains, on a reporté sur bon nombre de salariés et la voiture la charge du déplacement « domicile-travail ». On s’étonnera après cela de voir apparaître des gilets jaunes.
Tout ça était déjà la avant le Covid ; alors, par ces temps, jouer au hold-up ???
Tristes Tropiques !